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BD
Peau d'homme
Edité par Glénat - paru en DL 2020
Dans l'Italie de la Renaissance, Bianca, une demoiselle de bonne famille en âge de se marier, est présentée à son futur époux Giovanni, un riche marchand, jeune et plaisant. Alors que les noces approchent, l'attribut secret transmis par les femmes de sa famille depuis des générations, la peau d'un homme à la beauté stupéfiante, qu'elle peut revêtir quand il lui plaît, est révélé et légué à Bianca. ©Electre 2020
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Agathe AURIOL - Le 21 mars 2024 à 17:48
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Beau, drôle, et intelligent
Un vrai coup de cœur pour le trait et pour la finesse du scénario, c’est très bien pensé de ramener au moyen âge une situation aussi moderne. J’ai adoré.
MD - Le 12 août 2023 à 23:50 -
Magnifique...
Un livre sur les femmes, sur les hommes, sur l'amour, sur la tolérance...Juste magnifique...
Lililapieuvre - Le 14 mai 2023 à 00:04 -
Elise LUCAS - Le 03 novembre 2022 à 21:02
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Sans contrefaçon je suis un garçon!
En pleine Renaissance italienne, dans une ville non identifiée, Bianca, jeune fille de très bonne famille, répugne à épouser le fiancé qu'on lui promet sans le connaître un peu mieux avant, et pour ce faire, va se déguiser en garçon.Si le travestissement d'une jeune femme est un procédé narratif bien connu ( notamment, entre autres, chez Shakespeare ou Marivaux) on va ici beaucoup plus loin car Bianca n'est pas à proprement parler « déguisée » en homme : grâce à une merveilleuse « peau d'homme » transmise de femme en femme dans la famille (la fable prend alors un tour fantastique), l'héroïne se glisse véritablement dans la peau d'un homme, le séduisant Lorenzo. Habitant ce joli corps jusque dans ses fonctions les plus intimes, c'est comme Lorenzo qu'elle va inspirer désir et amour à son fiancé Giovanni... en une confusion des sexes et des genres qui ne laisse pas de l'enivrer tout en la troublant profondément. Sous ses dehors légers, cette histoire aborde donc l'air de rien la liberté de choix pour la femme, la liberté sexuelle en général, mais aussi les questions de genre, dénonçant du même coup le machisme, l'homophobie, l'hypocrisie ainsi que la bien-pensance morale et l'intégrisme religieux.Si la ville n'est pas nommée, on pense bien sûr à Florence : un temps les discours fanatiques d'un Savonarole ont réussi à y imposer une théocratie où effectivement eurent lieu ces « bûchers de vanités » qui firent brûler en place publique miroirs, cosmétiques, robes de luxe, livres jugés licencieux mais aussi œuvres d'art... On voit tout cela dans l'album, et quand de plus on force les femmes à se voiler, qu'on punit les femmes adultères en leur rasant la tête et que les « sodomites » sont pourchassés et condamnés à mort, tout cela fait froid dans le dos en nous rappelant de tristes événements de l'histoire récente ou actuelle.Mais il s'agit d'une fable, et le ton est résolument optimiste car tout finit par s'arranger, avec une légèreté et une ouverture d'esprit vivifiantes ! Certains scènes sont carrément jubilatoires, comme celles se déroulant au « Chat qui louche », un cabaret interlope, ou plus encore le moment où, en plein Carnaval, Bianca/Lorenzo ose interpeller le prédicateur fanatique - son propre frère en fait - qui, telle l'Arsinoé du Misanthrope de Molière, « fait des statues couvrir les nudités /mais (…) a de l'amour pour les réalités! » ! Un très grand moment...Le joli coup de crayon de Zanzim ajoute au charme de l'entreprise, d'autant qu'il s'inspire de peintures de l"époque, certaines planches offrant la particularité de présenter dans une seule case les mêmes personnages à différents moments de l'action et du mouvement. Cet album est un petit bijou, qui a raflé depuis sa parution au printemps dernier toutes sortes de prix, ce qui n'est que justice. Et ayons une pensée émue pour le brillant scénariste Hubert qui n'aura pas vu le succès de sa dernière œuvre : il s'est suicidé voici juste un an, le 12 février 2020.
Orlando Giocoso - Le 13 février 2021 à 20:48