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Livre
L'art de perdre : roman
Edité par Flammarion - paru en DL 2017
Alors que la France est traversée par une crise identitaire, l'écrivaine s'interroge sur ses origines algériennes dont elle ne connaît rien, du fait du silence douloureux de sa famille. Elle choisit alors de raconter le destin des générations successives, entre la France et l'Algérie. ©Electre 2017
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Akim AMGHAR - Le 25 octobre 2024 à 12:32
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L'art de perdre
D'Alice zeniter, j'avais lu " Sombre-dimanche" qui contait les sinistres existences hongroises avant et après le communisme. J'avais apprécié ce livre mais sans ressentir l'emballement auquel je m'attendais après le battage médiatique fait autour. Toutefois étant une "française pied-noir rapatriée" ayant quitté toute petite l'Algérie lors de l'indépendance, j'ai souhaité lire ce livre "L'art de perdre" qui évoque le triste sort des harkis, tel qu'il m'a été conté par mes parents et grands-parents. Les harkis ont joué un rôle important comme supplétifs musulmans des troupes françaises coloniales pendant la guerre d'Algérie de 1954 à 1962. En février 1962, les autorités politiques et militaires françaises promettaient aux harkis qu’ils conserveraient leur nationalité française quoi qu’il arrive. Or très peu de temps après, le général de Gaulle publiait un décret retirant la nationalité française à ces hommes et à leurs familles. C'est ainsi que près de 100 000 d'entre eux, abandonnés par les autorités françaises et considérés comme des traîtres par les indépendantistes, furent massacrés par l'armée de libération nationale (A.L.N.), bras armé du F.L.N., à la suite des accords d'Évian qui scellèrent l'indépendance de l'Algérie prononcée en juillet 1962 et en dépit du contenu de ceux-ci, dont l'engagement du FLN à ne pas exercer de représailles. Seuls 42 500 harkis, avec leur famille, ont pu s'établir en France métropolitaine sur un nombre total de supplétifs évalué entre 200 000 et 250 000. Contrairement aux français pieds-noirs, ils n'ont pas été considérés comme des "rapatriés"» mais comme des "réfugiés ". Ils furent souvent parqués dans des camps précaires dans le sud de la France. Les harkis n'ont obenu le statut d'anciens combattants en France que par une loi du 9 décembre 1974 s'ils habitaient en France et à partir du 23 juillet 2010 s'ils habitaient en Algérie. Les présidents français, à partir de Jacques Chirac, se sont exprimés publiquement sur l'abandon des harkis par la France. De son côté, le président algérien Abdelaziz Bouteflika a affirmé en 2005 que "les enfants des harkis ne sont pas responsables des actes de leurs parents" ; cependant des lois empêchent toujours l'accès des descendants de harkis à certaines fonctions, en particulier politiques... Alice Zeniter nous propose là un très beau roman sur la recherche d'identité et de ses racines. Plus de cinquante ans après la fin de la guerre d'Algérie et des accords d'Évian, c'est avec un roman que l'auteure, petite fille de harkis, a choisi de raconter l'histoire des harkis et de leurs familles, ces Français musulmans qui ont choisi la France plutôt que l'Algérie. Trois générations, trois personnages, Ali, Hamid et Naïma. Naïma, la narratrice conte l'histoire de sa famille, la famille Zekkar. Cela commence par son grand-père, Ali, producteur d'huile d'olive, notable de son village en Kabylie. Sa vie en Algérie dans les années 40 et 50, la guerre d'indépendance, son dilemme et son engagement comme harki aux cotés des Français, le côté des perdants, car les kabyles avaient plus que tout l'amour de la terre et proposaient un autre récit de l’identité que celui des tenants de l’Algérie arabo-musulmane,. Et puis : la fuite, le bateau, Alger-Marseille, les centres d'accueil dans une France froide et peu accueillante, le camp de transit de Rivesaltes près de Perpignan, l'installation en HLM en Normandie. Son changement de statut, de notable à simple ouvrier illettré. Elle raconte le combat d'Hamid, son père, fils ainé d'Ali, qui ressent la honte de son père et fera tout pour se détacher de sa famille et de son passé. Naïma relate aussi ses difficultés en tant que personne issue de la troisième génération. le sang algérien qui coule dans ses veines, son éducation française. le poids du passé que sa famille a tout fait pour oublier, sa vie de femme moderne et occidentale. "L'art de perdre" est une grande fresque familiale qui nous entraine de l'Algérie coloniale à la France d'aujourd'hui. Mais derrière cette histoire, Alice Zeniter nous parle des difficultés de l'intégration. Elle rend un hommage aux harkis et pose des questions sur leurs engagements et leurs répercussions. Il y a beaucoup d'émotion et d'amour dans ce livre, même si les sentiments restent muets, faute de mots pour dire je t'aime ou je te comprends. Ce roman poignant évoque avec subtilité et émotion les destins brisés et l'irrationalité des hommes, les séquelles de la colonisation, l'exil, le déracinement, le lourd poids de l'héritage familial mais aussi la force de l'amour filial. Il m'a aussi confirmé une chose effroyable découverte en lisant "L'histoire dessinée de la Guerre d'Algérie" de Benjamin Stora: notre pays, la France, a utilisé le napalm en Algérie (donc bien avant les Etats-Unis durant la guerre du Vietnam). En conclusion, un roman à lire à bien des égards!
ACZ - Le 05 avril 2018 à 12:12 -
Très interéssant
J'ai beaucoup aimé ce livre. J'en avais entendu dire que c'était une saga ; personnellement j'y ai vu plutôt un témoignage historique, sociologique... Il m'a permis de mieux connaitre et sans doute comprendre ce qu'étaient les harkis et ce qu'ils avaient pu vivre. A recommander
Nane - Le 27 mars 2018 à 16:10 -
l'Art de perdre
j'ai beaucoup aimé ce roman, Alice Zeniter rend ici un hommage émouvant à son grand-père, sa grand-mère et son père.. La petite enfance en Kabylie pleine de soleil, de parfums de rires et d'insouciance, puis l'enfance et l'adolescence grise, froide et d'une tristesse sans fond dans les camps de transit et la petite HLM de Normandie...L'histoire d'une petite famille parmi tant d'autres broyée par la grande histoire.
Anne LAMAZE - Le 10 mars 2018 à 17:46 -
RIGALDIES Laurent - Le 29 octobre 2017 à 14:41