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Film
Génération. 5
Edité par Centre national du cinéma et de l'image animée [éd.] ; C 2013
"La tentation terroriste" : Paris, 1972. Séquestrations, enlèvements, attaques de commando... la violence, érigée en stratégie politique et prônée par la Gauche prolétarienne en France, par les Brigades rouges en Italie et par la Bande à Baader en Allemagne, résulte pour l'organisation française d'une volonté de "prolonger Mai 68 par le combat armé".Avec la création de la branche armée de la Gauche prolétarienne, issue de groupes libertaires et maoïstes, c'est l'escalade. "Patrons, c'est la guerre" n'est plus seulement un slogan. En 1972, l'enterrement de l'étudiant Pierre Overnay tué aux portes des usines Renault donne lieu à une grande manifestation et, en représailles, un cadre de la Régie est enlevé pour un "procès populaire". C'est l'engrenage qui menace mais, en 1974, la décision est prise d'interrompre ce processus. Toutefois, le mouvement de protestation se poursuit contre les méthodes de la police allemande envers les membres de la Bande à Baader. Sartre, en compagnie de Cohn Bendit, se rend devant la prison de Stammheim pour protester contre cette "entreprise de destruction de l'homme".. "Larmes à gauche" : Années 1970. De profonds bouleversements ont lieu : putsch à Santiago (images d'archives commentées par Régis Debray), Révolution des Oeillets à Lisbonne (ratée selon Krivine), fuite des Américains de Saïgon, exode massif de Vietnamiens (les "boat people"). La famine au Biafra marque le début des actions caritatives dans lesquelles s'inscrit déjà Bernard Kouchner.Ils n'ont plus 20 ans, ces anciens leaders étudiants, et les mutations qui s'opèrent un peu partout dans le monde ébranlent bien des convictions : la chute du régime fasciste portugais fomentée par l'armée contribue à défaire la mythologie révolutionnaire, au même titre que l'exode des Vietnamiens après la libération du pays. Le temps des certitudes s'achève. L'opération "un bateau pour le Vietnam" et la mise en place d'un pont aérien pour les réfugiés marquent la rencontre symbolique et consensuelle entre Jean-Paul Sartre et Raymond Aron, tout en amorçant le débat sur le sens politique de l'action humanitaire. Pour Régis Debray, Henri Weber ou Alain Krivine, cette démarche, aussi louable soit-elle, relève d'une dépolitisation puisqu'on s'attaque aux effets et non aux causes.. "Ving ans après" : Octobre 1917, Algérie, Chine, Cuba, Viêt-nam, Chili, Portugal... Ces révolutions marquèrent une génération que Jean-Paul Ribes qualifie de "génération du nous". Celle de Pierre Goldman qui "voulait à sa jeunesse donner un sens qui n'était pas celui de se vautrer dans le plaisir de vivre". Celle de Michèle Firk qui refusa "d'être informée objectivement, c'est-à-dire de loin, sans jamais prendre part".Michèle Firck décide de "prendre part", en Algérie, à Cuba et au Guatemala. Engagée dans la guérilla, elle se suicide en 1968 pour échapper à l'arrestation. Dans la lettre qu'elle laisse, elle écrit : "Il n'est pas honteux de faire la révolution. Ce qui est honteux, c'est de converser du Viêt-nam les doigts de pied dans le sable sans rien changer à sa vie, ou de parler des guérillas comme du tour de chant de Johnny Halliday." Pour Jean-Paul Ribes, aujourd'hui devenu boudhiste : "Une même sensibilité aux événements existait, un vrai désir d'être ensemble pour cette période de la vie, la jeunesse, celle d'avant le retour de l'argent, de la carrière, donc du je."