Séries musicale de l'été Danse & Jazz : la musique en mouvement (épisode 4)
Cours de claquettes dans le gymnase de l'Iowa State College. Ames, Iowa (Library of Congress)
Cet été, les bibliothèques vous invitent à revivre l'histoire des liens entre la danse et le jazz. Une saga historique et musicale, à suivre tout l'été. Episode 4 : les claquettes.
ÉPISODE 4 : Jazz et claquettes, une rencontre heureuse
L'origine des claquettes est une fusion de la danse africaine avec la gigue irlandaise. Les Irlandais, en arrivant en Amérique, pratiquent une danse en sabots. Les sabots évoluent et deviennent des chaussures de cuir montées de deux plaquettes en bois. La naissance des claquettes modernes telles que nous les connaissons prend forme.
Le jazz dans les années 1920 s’adaptait parfaitement au style des danseurs de claquettes. Le jazz se ressent dans tout le corps, qui vibre, transpire et entre parfois en transe. Les claquettes évolueront simultanément avec la musique : la musique de la Nouvelle-Orléans, en passant par le funk, le bebop, le free, etc.
Une rencontre heureuse à découvrir en 7 extrait vidéo !
1) : La danse de l’Escalier de Bill Robinson
Bill « Bojangles » Robison invente sa fameuse danse de l’escalier dans Harlem is Heaven d’Irwin Franklyn en 1932.
Un jeune homme afro-américain rêve de devenir une star du jazz à Harlem. Il tombe éperdument amoureux de la ravissante Ada. Elle travaille dans une boîte de nuit et a le même rêve que Bill : elle souhaite devenir une chanteuse. Bill « Bojangles » Robinson, né en 1878, a inspiré de nombreux danseurs de claquettes.
Il utilise l’escalier en dansant et aussi comme un percussionniste. Il se sert des différents sons du sol et de l’escalier. Dans la vidéo, de 0,26 mn à 0,31 mn, il frappe avec ses mains les marches tout en gardant son jeu de jambes, ce qui nous offre trois sonorités. Il joue en duo avec un pianiste que nous ne voyons pas sur ce passage du film.
2) Fred Astaire & Ginger Rogers, les références
Fred Astaire et Ginger Roger illumine Swing Time ("Sur les ailes de la danse" en France), film de 1936 réalisé par George Stevens.
Swing Time est un un film grandiose avec beaucoup d’humour et de démesure à l’américaine. Il met en valeur Fred Astaire et Ginger Rogers qui font preuve d’une maîtrise de leur art et d’un jeu d’acteur exceptionnel. Ils vont devenir des références en matière de claquettes. Six morceaux du film sont composés par Jerome Kern, qui a également composé de nombreuses standards, notamment All the Things You Are interprété par les plus grands musiciens de jazz.
3) Les pieds magiques de Jimmy Slyde sur un classique de Charlie Parker, "Yardbird Suite"
Dans cet extrait de Bird Now, documentaire de Marc Huraux sur l’œuvre de Charlie Parker, Jimmy Slyde adapte son jeu de claquettes aux phrasés des musiciens : Miles Davis à la trompette, Lucky Thompson au sax ténor, Arvin Garrison à la guitare, Dodo Marmarosa au piano. Il installe une rythmique swing bebop et ponctue les chorus des musiciens. Il marque les fins de phrases comme par exemple à la première minute sur le premier solo de Parker.
4) Jimmy Slyde, le roi du "slide"
Jimmy Slyde (1927-2008) est également le roi du slide, cet "ensemble de pas glissés, souvent pieds à plat sur le sol, qui emmenait Dr Slyde d'un bout à l'autre de la scène lors de grandes envolées" (Wikipedia). Un style qui colle parfaitement au jazz…
Nous allons vibrer, groover et danser avec cet extrait de 2 mn 21 tiré du film documentaire L’Aventure du jazz, réalisé par Louis Panassié avec son père, le célèbre critique de jazz Hugues Panassié. Ce film couvre une période de 4 ans de 1969 à 1972 avec pas moins de 130 musiciens de jazz. L’extrait du film est un blues en « la » façon soul funky de George Benson. Le batteur Jo Jones joue avec des balais dont Jimmy Slyde imite le son en faisant glisser ses pieds. Il répond également avec beaucoup de classe et d’humour aux riffs et solos de George Benson.
De la 0.53 secondes à 1 mn52, notez cet échange en 4/4 entre les musiciens : les musiciens arrêtent de jouer pendant 4 mesures, pendant qu’un seul continue de jouer et ainsi de suite. Un exercice jubilatoire.
5) Wynton Marsalis & The Young Stars of Jazz - "Take The 'A' Train" de Duke Ellington
Composé à l’origine par Billy Strayhorn, Take the A train deviendra un des principaux "tubes" de Duke Ellington. Il est interprété ici par l’orchestre du trompettiste Wynston Marsalis en compagnie d’une danseuse de claquettes. Cette dernière y improvise avec les musiciens lors d’un dialogue musical savoureux et très original.
6) Heather Cornell - Stockholm Tap Festival 2018
Une danseuse de claquette avec un groupe de blues. C’est épuré et narratif. Une belle complicité entre l’harmoniciste chanteur et la danseuse. Un moment magique.
7) Savion Glover performs “WeLL.CoMe.2.THe'CoSMiQ.JuNGLe”, 2023
Encore une utilisation originale des claquettes. Savion Glover est un virtuose complètement habité par la musique, à la fois danseur et musicien à part entière. Il installe tout le long du spectacle une rythmique vive, rapide et obsédante. Il est en trance.
Par Marc Delbos, bibliothèques de la Ville de Paris
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Notre série « Danse & Jazz » se décline en sept parties qui seront diffusées tout au long de l’été 2024 de manière hebdomadaire. Ne ratez pas les autres épisodes !
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