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Musique
Fantasy
Edité par Naïve - paru en C 2024
Après un récital associant les Impromptus de Chopin et de Fauré, le pianiste Ismaël Margain explore d'autres formes brèves, le rondo et la fantaisie. Et pour ce nouveau voyage, très poétique, il revient à l'un de ses compositeurs de prédilection, Mozart. C'est son premier album solo dédié au maître de Salzbourg. Après un somptueux récital qui associait impromptus de Frédéric Chopin et de Gabriel Fauré (Impromptus, naïve, V7860), le pianiste Ismaël Margain poursuit ses explorations musicales en convoquant d'autres formes brèves, le rondo et la fantaisie. Et pour ce nouveau voyage, aussi poétique qu'inventif, il revient à l'un de ses compositeurs de prédilection : Mozart, dont il glorifie dans un jeu incroyablement épuré et d'un immense raffinement l'intarissable et singulière puissance. Au-delà de l'inventivité mélodique, constamment renouvelée, toutes les oeuvres de ce précieux album forment un kaléidoscope fascinant des humeurs mozartiennes. Si les Rondos, incroyablement caractérisés, dévoilent des atmosphères plutôt homogènes, les Fantaisies, notamment les K. 397 et K. 475, éclatent de mille feux. Les réguliers et soudains changements d'ambiance et d'expression leur confèrent un ton très théâtral. Dans ces quasi improvisations, de nombreux personnages prennent vie. L'opéra, la scène, imprègnent partout le discours, et Ismaël Margain exalte l'imagination, intarissable, qui aiguillait si souvent la plume de l'auteur des Noces de Figaro. Dans ce miracle que constitue la création mozartienne, véritable mystère vivant qu'il a pu sonder au contact de l'incontournable Maria Joao Pires, le pianiste français scrute avec ardeur les contrastes, dessine avec précision les lignes, chamarre les textures de reliefs inédits ; il creuse les émotions pour mieux souligner leur diversité. Interpréter Mozart sur piano moderne pose plusieurs questions, d'ordre historique, esthétique et instrumental. Naturellement, Ismaël Margain fréquente Mozart depuis son jeune âge. Cet album marque néanmoins l'aboutissement d'un temps respectable de réflexion. Il fallait la liberté, et ainsi rigoureusement s'informer, pleinement assimiler le style - les styles ! Ou encore intégrer les si nombreuses notions relatives à l'articulation, aux ornements ou aux tempos, comme décanter la question de la pédale. A trente-deux ans, Margain nous offre sa liberté mozartienne, celle d'un subtil équilibre entre des considérations historico-musicologiques et une gourmandise instrumentale exacerbée. Oui, très certainement, le bouillonnant enfant de Salzbourg goûterait le piano d'aujourd'hui et ses innombrables possibilités dynamiques et expressives !