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Vidéo numérique
Traversées
Date : 2020 - Durée : 00h17
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Léon, vêtu de son maillot de bain une pièce, accepte que je l’accompagne à la piscine. Il affronte les regards, et déploie sa propre réflexion sur son identité de genre.Dans ce film de fin d’études au Master DEMC (Documentaire écritures du monde contemporain) de l’Université Paris Cité, Aman Le Goff filme son ami Léon en train de faire des longueurs, de plonger, d’aller aux douches et discuter avec d’autres baigneurs de la piscine de Bagnolet, en région parisienne. Cet espace public devient un lieu de transition, entre l’eau et l’air, le dedans, le dehors, le caché, le montré. Et la piscine devient alors un forum où l’on peut engager une discussion et prendre du recul sur les identités de genre, les corps et les apparences. Avec la confiance portée à Aman, Léon se raconte devant la caméra et prend de plus en plus son aise dans son nouvel être social.“Je voulais faire un film avec Léon, que j’avais rencontré quelques mois auparavant et qui était/est toujours mon ami, autour de sa transition, en évitant les images habituelles autour de la médicalisation des parcours trans. La piscine est arrivée un petit peu après, parce qu’on y allait ensemble, afin que ce soit un moment moins pénible à vivre du fait des potentiels regards, et de la difficulté que peut représenter le fait d’y aller dans un maillot de bain une pièce lorsqu’on s’identifie socialement comme homme. Je voulais qu’on questionne et vive un peu cela, par un film ensemble, la perception de soi, le regard des autres, et que ça puisse dire quelque chose de cette expérience aux personnes non-concernées aussi. Je souhaitais aussi construire un espace pour que s’exprime une certaine non-binarité, parce que la transition n’est pas nécessairement le fruit d’une image de soi binaire (homme/femme), même lorsqu'il est important de se situer clairement dans le monde social et administratif. L’eau est aussi un élément métaphorique de cette fluidité (+ le pluriel du titre). Enfin, Léon nage très bien, et je trouvais ça beau de le regarder évoluer dans l’eau. J’ai donc moins choisi un sujet ou un terrain, que je n’ai été appelé par mon amitié naissante avec Léon et notre pratique de la natation. Et bien sûr, le désir de le filmer venait d’un fort sentiment d’identification avec lui. J'avais l’impression que nous avions un sentiment commun de notre genre (la même « identité de genre », comme on dit), et je cherchais à comprendre pourquoi, face à ce sentiment commun, je n’éprouvais pas/n’éprouverai pas (pensais-je) le besoin de transitionner. Il se trouve finalement que j’ai fait ma transition moi aussi, progressivement, entre un an et deux ans après le tournage de ce court-métrage. Je suppose donc que c’est ce que je questionnais, préparais et cherchais en voulant faire ce film.”